Parce que j'espère que mon exemple va pousser d'autres personnes à suivre mon exemple et à oser partager leur art, je vais vous mettre ici un texte que j'ai commencé il y a quelques temps et... que je n'aime pas des masses ! C'est juste un texte que j'ai commencé alors que ça faisait des années que je n'avais pas laissé courir mon imagination sur une page vierge. Bref, c'était comme un début d'échauffement... raté.
Soyez indulgent. ET partagez vos écrits ! :-)
La suite... quand je l'aurais écrit !
Soyez indulgent. ET partagez vos écrits ! :-)
Toujours le même rituel : éteindre le réveil, se lever, aller déjeuner, aller se laver, aller s’habiller, regretter de ne plus pouvoir se recoucher, sortir de la maison et aller lutter contre le froid et le bruit de dehors. Faire toujours le même trajet tous les matins en rencontrant toujours les mêmes personnes dans les transports en commun et ne jamais échanger une seule parole. Rester ainsi enfermer dans ma bulle jusqu’à ce que j’arrive au boulot où j’aurais tout intérêt à donner l’impression d’être aimable tout en arrivant à faire comprendre que je ne suis pas une bonne poire à qui on peut tout demander et qu’on peut être certain que ça sera fait en temps et en heure. Mais ce matin, je n’en ai pas envie. Comme les autres fois. Nous sommes un jour quelconque de la semaine et il faudra encore attendre avant le prochain week-end et la prochaine matinée que je pourrais passer, si j’en aurais envie, dans mon lit. Non pas que je considère le lit comme une fin en soi mais plutôt comme un douillet refuge dans lequel je suis abrité de la frénésie extérieure, du bruit omniprésent de la ville, du mouvement brownien qui semble diriger les foules de mes contemporains dont des odeurs pestilentielles se dégagent et de la lumière obscurs de notre monde. Dans ce lit, sous cette couette, je suis au chaud, envahit par le noir sain de l’obscurité et dérangé uniquement par les sons que je produis. Rien qu’en fermant les yeux quelques instants, je m’apaise, me relaxe et me détends. Comment pourrais-je y arriver dans le monde extérieur que je considère, dans son ensemble ou dans ses détails, comme une agression éternelle de mes sens ?
Et merde ! En plus de ne pouvoir rester plus longtemps dans ma chambre, il faut que je me dépêches et donc que je restes encore moins de temps que d’habitude dans le deuxième endroit que je préfère dans ma demeure : la salle de bain. Chaque matin, la seule manière de pouvoir donner aux autres l’impression que je sois réveillé c’est une quinzaine de minutes sous la douche qui m’arrose d’une eau chaude. La caresse de ce liquide semble former une dernière couche de protection entre moi et le monde extérieure. Et je sais que pendant que ma peau est entièrement recouverte de ce liquide vital, je ne souffre pas du froid qui se prépare déjà à m’accueillir une fois que j’aurais éteints l’arrivé d’eau. C’est pour cela que je fais traîner en longueur bien sûr. Cette eau chaude est ma dernière protection contre la première des agressions quotidiennes : la morsure du monstre invisible le plus dangereux jamais connu, le Froid. Ses incisives fines et incassables s’enfoncent chaque matin en moi, traverse ma peau et m’inocule son venin. Dès lors mon sang est froid et seul le temps peut me réchauffer. Le temps ou un abri qui est tout près de moi et qui m’attend pour pouvoir pleinement réaliser son office. Chaque matin, la même tentation. Dois-je retourner dans mon lit pour me ressourcer et retrouver mes forces pour pouvoir avoir une chance de survivre face au froid transperçant ?
Allez, il faut que j’arrête de tergiverser ! Arrêter l’eau chaude, attraper une serviette sèche, me frotter énergiquement pour essayer d’insuffler un peu de chaud dans ce corps si frileux, courir dans ma chambre et me vêtir en me plongeant dans des vêtements doux et chauds ! Après ça, un petit tour à la cuisine pour me remplir l’estomac. Gâteaux, lait froid et tout dans l’évier afin de partir sans être trop en retard.
Longue marche, derniers mètres en courant, les escalators encore en panne et des efforts en sus à fournir pour arriver avant que les portes du RER ne se ferment devant moi… Eviter les personnes qui descendent l’escalier, accélérer tout en évitant ceux qui ont abandonné l’idée d’arriver à monter dans le wagon, se préparer à se faire coincer entre les deux portes se refermant et… arriver sur le quai et constater qu’encore une fois, le RER est finalement en retard et que de toute manière, je ne serais pas à l’heure, quelque soit les efforts que j’ai fait. Alors, autant prendre son mal en patience et s’asseoir confortablement sur ces détestables sièges métalliques, froid et raides. Même ceci m’est refusé ce matin, trop de monde et trop peu de places prévues. Alors, accoudé contre une barrière qui empêche de tomber dans l’escalier, je sors de mon sac le livre que je vais commencer. Une série que j’ai commencé l’année dernière et dont la publication continue encore. Personnages profonds, rebondissements incroyables, magies connues et mystérieuses… Tout un régal ! Comme lorsque j’étais enfant et que je sentais en moi monter l’excitation au fur et à mesure que l’on se rapproche de minuit le soir de Noël, le désir de tout connaître de ce tant attendu ouvrage me ronge, m’irrite et m’excite tout à la fois. Quel plaisir de jouir d’une telle sensation à chaque première lecture d’une œuvre tant attendue… Je crois que c’est pour ça que j’aime tant lire : l’excitation avant de commencer la lecture, le désir de se faire mener dans une histoire dans laquelle je vais prendre le rôle du personnage et le choc de la fin, synonyme d’abandon de tous ces gens que j’aurais côtoyé et appris à aimer tout au long de l’histoire…
Mais là, j’avais oublié mes tracas, le retard du RER, le froid pénétrant et le désir irrémédiable d’être déjà chez moi au chaud et tranquille. J’étais retourné dans le Monde, celui où je suis guerrier à la hache, vieil assassin, formidable femme séduisante à la langue acerbe et reine aux milles préoccupations. L’air est forcément froid dans ce château dont le chauffage n’est réalisé que par le flamboiement d'innombrables bûches dans les centaines de cheminées. Le bruit qui m’entoure n’est plus celui fait par mes contemporains exaspérés mais par tous ces serviteurs s’agitant dans la cuisine tandis que les soldats sont dans la grande salle et attendent leur repas pour se refaire une santé après leur entraînement dans la plaine. Parmi tous ces gens, un traître qui en veut à mon roi et je dois le démasquer. Une cuisinière ? Une servante ? Un page ? Un nouveau soldat ? Un ménestrel ? Tant de monde, tant de passage et si peu de temps. Les rumeurs s’affolent et…
Minute ! J’ai déjà lu tout ça ! Comment est-ce possible ? Je l’ai acheté samedi et je connais déjà la teneur de ce texte. Pourtant, j’en suis certain, comme un bonbon que l’on se réserve pour un moment d’intimité douillet, je n’ai même pas parcouru des yeux les premières lignes… Et pourtant, je sais déjà de qui il doit se méfier, ce héros ! Je sais ce qu’il va faire, les conséquences que cela va avoir et les regrets qu’il va éprouver. J’ai déjà vécu tout ça. Mince ! Qu’est-ce qui arrive à l’auteur qui a toujours été surprenante et imaginative ? Cela serait si commun que j’en aurais deviné déjà la trame ? C’est bien plus que tout cela : je connais même les phrases et les effets de style qu’elle a utilisé dans cet ouvrage… avant même de l’avoir lu. Dépité, je me renfrognais et attendais dans une mauvaise humeur envahissante l’arrivé du RER. Le seul petit plaisir de la journée envolé, je me demandais comment j’allais supporter ce long trajet. Je me demandais aussi comment cela se faisait que je connaisse déjà le contenu de ce livre.
Puis finalement, car ne sachant pas trop sur quoi je devais me concentrer pour commencer à comprendre cet étrange phénomène, je suis arrivé à la bonne station en ayant juste l’esprit ailleurs. De nouveau j’agis de manière automatique : sortir du wagon, sortir de la gare, me déplacer dans les rues jusqu’à mon bureau, saluer les différentes personnes que je connaissais de vue de l’entreprise, m’asseoir à mon siège et allumer l’ordinateur. Tout ceci fut réalisé devant mes yeux comme si je n’étais qu’un observateur de ce que je réalisais chaque jour, mon niveau de conscience le plus élevé étant mit en veille.
La suite... quand je l'aurais écrit !